Télétravail et surveillance

Résultats provisoires et valides sous réserve d’analyses complémentaires.

Les personnes interrogées, en situation de télétravail, ont été questionnées sur leur perception de la surveillance organisationnelle et sur le contrôle managérial.

Plusieurs questions relatives aux dispositifs potentiels ont été posées à 5732 répondants. Ces questions concernent notamment l’activation de la caméra ; le suivi des frappes sur le clavier et mouvements de souris ; les appels/mails réguliers du manager.

La question de l’information de tels dispositifs a été également posée.

Il nous a semblé étonnant de constater que la perception de la surveillance est peu présente, à la fois pour la dimension technologique et humaine.

 

Nous notons cependant que les répondants du secteur privé sont davantage susceptibles de percevoir un des deux types de surveillance par rapport au secteur public.

Même si certains soupçonnent une certaine surveillance (verbatims : « lancement automatique de skype ; « disponibilité sur teams », « je dois me connecter à zoom sans caméra »)

Explications possibles :

  • Certains outils utilisés à distance (outils de visio, plateformes collaboratives) sont fréquents. Ils sont susceptibles d’être détournés à des fins déviantes de contrôle et les salariés ne semblent pas en avoir conscience. L’usage affiché peut-être : le contrôle du temps, le travail collaboratif mais possibilité d’aller plus loin (parfois à l’initiative du manager).
  •  Ceci peut être lié à un manque ou absence d’information (absence de mention dans l’accord ou la charte) (69% déclarent ne pas avoir eu d’information)
  •  Une corrélation entre la surveillance et d’autres items (nombre de jours de télétravail, charge de travail, autonomie, confiance…)

Nous avons procédé à différentes analyses décrites ci-après et nous permettant de dresser plusieurs constats.

  • Premier constat :

On constate un effet significatif du nombre de jours de télétravail accordés sur la perception de la surveillance technologique. L’effet est cependant faible. Aucun effet du nombre de jours de télétravail sur la perception de surveillance humaine ou globale.

L’intensification du télétravail (augmentation du nombre de jours) accroit le sentiment de surveillance chez les collaborateurs en télétravail intensif (4 jours par semaine) par rapport à des télétravailleurs ponctuels (moins d’un jour par semaine). A noter que cela ne s’applique pas au télétravail occasionnel (moins d’un jour par mois).

  • Deuxième constat :

L’autonomie et la confiance perçues n’ont pas d’effet significatif sur la perception de surveillance.

  • Troisième constat :

Plus la surveillance perçue est importante, plus la charge de travail perçue en télétravail est importante (résultats identiques pour la surveillance technologique et humaine).

  • Quatrième constat :

Plus la perception du contrôle effectué par le manager augmente, plus la perception de surveillance organisationnelle est importante au niveau global.

  • Cinquième constat :

Il semble exister trois catégories de télétravailleurs : (1) ceux qui acceptent le contrôle (ils le perçoivent, mais l’influence du télétravail sur le sens du travail reste positive), (2) ceux qui n’acceptent pas (Ils perçoivent la surveillance et le télétravail influence négativement le sens du travail), et (3) ceux qui sont indifférents (le taux de perception de surveillance le plus bas et pas d’impact du télétravail sur le sens du travail).

  • Sixième constat :

Plus la liberté perçue de répartir ses jours de télétravail dans la semaine augmente, moins les salariés se sentent surveillés

 

Nicolas Cochard, Kardham

Caroline Diard, TBS Business School

Damien Pouillanges, Kardham

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