« Les enseignements très partiels de la littérature » via Blog INSEE
« L’une des questions que pose le chiffrement de l’activité en cette année de crise est celle des effets du télétravail. Peut-on considérer que les heures télétravaillées du fait de l’épidémie ont généré un même montant de production que les heures qui auraient été normalement travaillées sur site ? À combien évaluer l’écart d’efficacité ? Au-delà de la mesure de l’activité sur l’année en cours, se pose aussi la question de l’impact du télétravail sur la croissance des années à venir. Il devrait s’installer dans la durée : faut-il y voir un frein potentiel à la croissance ou, à l’inverse, un nouveau gisement de gains de productivité ?
Dans l’attente de données qui permettront de complètement mesurer ses conséquences, on dispose d’éclairages ponctuels. Dans certains cas, le télétravail engendre un surcroît de productivité lorsqu’il porte sur des tâches demandant de la créativité. Au niveau de l’entreprise, la productivité globale paraît elle aussi dépendre du type d’activité. Par ailleurs, l’augmentation du nombre d’heures travaillées, notamment chez les cadres, brouille les effets sur la productivité. L’hétérogénéité des résultats de ces études rend toute extrapolation hasardeuse. De plus, en se concentrant sur des salariés et des entreprises volontaires, ces études portent sur des situations plus favorables que celle de l’adoption massive et non anticipée du télétravail en mars 2020. À court-terme, les effets du télétravail sur la productivité pendant le confinement sont vraisemblablement négatifs. Mais ils restent très difficiles à quantifier. »